Les colères sont une question qui revient souvent dans les messages que je reçois sur Instagram (@maneas_discoveries). Et ce n’est pas anodin : les émotions de nos enfants sont toutes aussi intenses que leur expression… ce qui peut être déstabilisant ! Je prépare un post plus détaillé sur les émotions pour revenir aux bases…
Je voulais prendre le temps de répondre à une bouteille à la mer d’une maman qui m’a contactée récemment. Voici donc un petit point « crise » et colère, avec 10 conseils pour vous aider à accompagner vos enfants dans la bienveillance.
Comment réagir face aux « crises » de mon enfant ?
Les mots ne sont pas anodins. Ils véhiculent certaines nuances, parfois à peine consciente dans nos esprits… Comme le mot « crise ».
Pourquoi éviter le mot crise ?
Imaginez les choses dans un autre rapport. Un homme demande « comment gérer les crises de ma femme », ajoutant ensuite « C’est une hystérique ! » …
Le mot crise met l’accent sur le comportement de l’enfant avec une connotation très négative. C’est extrême, c’est exagéré, c’est dérangeant…
J’ai une fois utilisé ce mot (la première fois que Manea a fait une grosse colère dans une bibliothèque), et j’ai tout de suite trouvé qu’il avait un goût amer.
Le mot crise uniformise. « Il/elle fait une crise » : comme n’importe quel autre enfant, comme telle autre fois… Pourtant le contexte est différent, les
émotions en jeu sont sans doute différentes aussi. Le mot crise fait écran entre notre enfant et nous…
La colère : au cœur des émotions
Avant de répondre à la question « que faire », j’aimerais vous parler d’abord du pourquoi. Pourquoi ça arrive ? Qu’est-ce ce qui se passe dans la tête de nos enfants ? Le pourquoi avant le comment.
Mettre du sens pour prendre distance
Parce que en mettant du sens, ça nous permet de prendre ce petit pas de côté qui va nous aider à ne pas céder à nos réactions automatiques (exaspération, énervement, colère… ) et éviter les VEO.
Le cerveau de l’enfant est immature. Il n’est pas capable de prendre du recul, et il n’est pas capable, lorsque les émotions le submergent, d’en sortir seul. Comme le dit si bien Catherine Gueguen :
« Jusqu’à l’âge de 5 ou 6 ans, l’enfant n’est pas capable de s’apaiser seul : il a absolument besoin d’un adulte qui comprenne ses émotions, l’aide à les exprimer, l’apaise. Cette attitude permet à son cerveau de maturer. »
Catherine Gueguen
Vous pouvez jouer le rôle du cerveau mature. Vous venez le compléter, l’entourer, le sécuriser… Et par votre façon de l’accompagner, vous aidez non seulement son cerveau à murir, mais en plus vous lui donnez l’exemple de comment réagir face à ses émotions et celles des autres. Avec amour, écoute, respect et bienveillance.
Bref, incarner l’exemple, tout simplement.
Comment accompagner la colère de mon enfant avec bienveillance ?
Concrètement, comment faire ? Voici 10 pistes pour vous aider à mieux vivre ces passages qui sont émotionnellement difficiles pour l’enfant… et souvent pour le parent également.
1. Connexion
Rejoignez votre enfant là où il est, physiquement et psychologiquement. Si possible, placez-vous à sa hauteur, regardez-le dans les yeux et (re)connectez-vous à lui.
Même si parfois les émotions de votre enfant peuvent vous paraitre dépourvues de sens ou disproportionnées, elles sont réelles et ont de l’importance à ses yeux. Et c’est important de les traiter comme telles, pour qu’il se sente considéré comme une personne à part entière, quelqu’un dont les émotions comptent. Quelqu’un qui compte.
2. Cœur
Le cœur avant la raison. N’essayez pas tout de suite de répondre avec des arguments logiques. L’émotion prend toute la place dans son cerveau à ce moment-là. (Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas chercher à comprendre. Ce serait un raccourci dangereux !)
Juste rejoignez-le, accueillez et laissez la raison momentanément de côté.
3. Authenticité
Nommer l’émotion que vous supposez être vécue par votre enfant peut être utile quand il est petit, et toujours sur le ton de la supposition. Nous n’avons pas de super pouvoirs pour lire notre enfant comme un livre ouvert.
Essayez de vous approprier la communication telle que prônée par la parentalité positive et la communication non violente. Faites-en votre propre langage, apprivoisez cette nouvelle façon de communiquer pour vous sentir de plus en plus à l’aise… et ne pas avoir l’air de sortir des phrases toutes faites venues de livres. Si vos mots ne sont pas accompagnés de vos pensées et émotions, cela sonnera faux à vos oreilles comme à celles de votre enfant.
4. Faits
Décrire ce qui s’est passé, en restant fidèle aux faits sans y ajouter d’interprétation ni de jugements de valeur.
Vous pouvez également faire le lien avec votre histoire, votre ressenti. Comment vous vous seriez sentie à sa place et/ou quand vous étiez enfant vous avez vécu quelque chose de similaire et vous avez ressenti…
5. Amour
Proposez-lui dans le prendre dans les bras, de lui offrir un cocon rassurant et protecteur. Et s’il ne veut pas, ne prenez pas cela pour un rejet et restez près de lui. Maintenez le contact et montrez-lui que vous êtes toujours là pour lui, même quand c’est difficile.
C’est lorsqu’ils semblent en mériter le moins que les enfants ont le plus besoin d’amour et d’attention.
Aletha Solter
6. Sécurité
Veillez à ce qu’il ne se blesse pas, à ce qu’il ne blesse personne et n’abime rien, tout en lui expliquant pourquoi vous retenez ses mouvements si vous devez le faire.
7. Réservoirs affectifs
Quand le calme revient, profitez-en pour recharger vos deux réservoirs affectifs. Vous en avez sans doute tous les deux besoin ! C’est un moment idéal pour un câlin et des mots d’amour.
Car c’est quand c’est dans les moments où vous avez moins envie de lui dire que vous l’aimez qu’à votre enfant a le plus besoin de l’entendre. Vous l’aimez inconditionnellement, quoiqu’il arrive, quoi qu’il fasse.
8. Lien
Vous pouvez alors seulement parler raison et émotions plus en détail avec votre enfant. Dire, par exemple, que parfois les émotions sont tellement fortes qu’on ne sait plus les arrêter et que ça peut faire peur. Mais que vous avez confiance, vous savez qu’il grandit et qu’un jour il sera capable de trouver les ressources pour accueillir ces émotions sans avoir besoin d’aide. Mais qu’en attendant vous serez toujours là pour lui.
Parler des faits, de sa réaction et de la vôtre, de ce que vous pourriez faire la prochaine fois pour traverser un moment similaire.
Faire le lien entre l’évènement déclencheur, le contexte, son ressenti physique, sa réaction avec son corps et les émotions qu’il a vécue.
9. Émotions
Si vous avez des médias sur les émotions (coussins des émotions, roue des émotions, livre…), prenez ce support et demandez à l’enfant s’il peut montrer quelle(s) émotion(s) il a vécues, ce qu’il a senti dans son corps. Et comment il se sent maintenant.
Ou faites le lien avec tel personnage de tel livre qui lui aussi a vécu ce genre d’émotion. Que c’est-il passé pour ce personnage, qu’est-ce qui pourrait aider le personnage ? Ou qu’est-ce que le personnage a fait (ou l’entourage du personnage) et qui pourrait l’aider lui ?
10. Jeu
« Préventivement », parlez des émotions avec lui, des grosses émotions qui crient très fort et celles qui parlent avec des petites voix de souris et qu’on n’entend pas tout le temps, mais qui sont importantes aussi.
Imaginez des jeux, lisez des livres, jouez avec les personnages pour leur faire vivre des émotions et laissez à votre enfant le rôle de l’accompagnateur…
Bonus
Accueillir les émotions de son enfant est une face de la pièce dans ce genre de situation. L’autre versant, ce sont les vôtres. Pourquoi parler de celles de l’enfant en priorité ? Parce qu’il est tout simplement plus vulnérable : il a besoin de votre aide.
Cela ne veut pas dire que vous ne devez pas vous écouter, que vous ne comptez pas. Bien au contraire. Il est beaucoup plus facile de savoir écouter l’autre lorsque l’on est capable de s’écouter. Être au diapason avec sa météo intérieure permet d’éviter les débordements et les VEO. Vous sentez, par exemple, la nervosité qui monte et vous en prenez note, plutôt que de nier ce sentiment, de tenir le plus longtemps possible et de craquer quand la coupe est pleine.
Mais comment s’écouter ? En étant d’abord bienveillant avec soi-même (j’ai rédigé déjà un article à ce sujet). Mais comment être bienveillant soi-même lorsque l’on n’a pas connu cela étant enfant ? Ce sont des thèmes que je développerai dans de prochains articles.
Accompagner son enfant, ses colères comme ses rires…
J’espère que cet article pourra aider cette maman qui m’avait envoyé une bouteille à la mer, et apporter des pistes de réflexion à d’autres parents.
Et dans cet autre article, je vous parle des « tempêtes émotionnelles de l’enfant » et comment mieux les vivre et les anticiper.
Les commentaires sont là pour vous ! N’hésitez pas à me laisser un message avec vos impressions après la lecture de cet article, vos questions, retours d’expérience et conseils à partager avec d’autres parents.