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Liste des VEO (Violences Éducatives Ordinaires)

On peut dresser une liste des VEO (Violences Éducatives Ordinaires) découpé en plusieurs catégories : les violences physiques et psychologiques sont les plus évidentes. À celles-ci s’ajoutent les violences culturelles et les violences douces[1].

Certaines de ces violences vous sembleront évidentes… mais il en existe encore de nombreuses moins communément reconnues comme violence, et par-là bien plus pernicieuse.

Cet article est un liste des VEO, sans explications ni développement du concept de VEO. Pour creuser le sujet, je vous invite à commencer par lire Les Violences Éducatives Ordinaires (VEO) : qu’est-ce que c’est ?.

Pour rédiger cette liste (non exhaustive), je me suis basée sur plusieurs lectures, dont le blog Enfances épanouies, grandir sans VEO[2]. En introduction de leur liste, iels écrivent en remarque : « Cette liste n’est pas à prendre comme une vérité absolue ou comme une injonction. C’est le fruit d’une réflexion du groupe, elle est donc en constante évolution. »

La liste des VEO que je vous propose est une base de réflexion, pour lever certains tabous, remettre en perspective notre héritage éducationnel et penser à une nouvelle façon d’accompagner l’enfant, sans violence.

Liste des VEO et catégories

Les VEO physiques

  • Lever la main sur l’enfant : fesser, gifler, donner une tape sur la main.
  • Bousculer l’enfant, le pousser, le secouer, le tirer, le pincer, tirer ses oreilles, ses cheveux ou ses joues… 
  • Au niveau de l’alimentation : forcer l’enfant à manger ou à l’inverse l’empêcher de manger ou boire, ou encore le priver de dessert. Nourrir (allaitement ou repas) l’enfant sans prendre en compte sa faim, mais en fonction d’un horaire.
  • Au niveau de l’hygiène : empêcher l’enfant d’aller aux toilettes ou le forcer, en mettant un enfant sur le pot avant qu’il ne le demande. Conditionner l’enfant à la continence. Prodiguer des soins sans prévenir, comme arriver derrière pour nettoyer son visage.
  • Dans ses besoins de stimulations et mouvement : empêcher l’enfant de sortir, le priver d’activité.

Les VEO psychologiques

  • Élever la voix : crier, faire peur à l’enfant.
  • Punir : réprimander, brimer. Mettre au coin, forcer l’isolement temporaire.
  • Menacer et faire du chantage : priver l’enfant de quelque chose, confisquer un objet (doudou, tétine, jouet…). Créer un tableau d’appréciation du comportement de l’enfant (avec des couleurs, des smileys, des étoiles ou des points). Mettre des étiquettes (positives ou négatives). Donner des récompenses.
  • Humilier : rabaisser, insulter, se moquer. Dénigrer. Donner des surnoms humiliants, blessants. Critiquer l’enfant devant lui, critiquer ses gouts, ses envies ou ses ami·es.
  • Concernant les pleurs : laisser pleurer l’enfant seul. Ignorer la détresse émotionnelle de l’enfant. Ne pas écouter l’enfant. Provoquer les pleurs de l’enfant volontairement. Rire quand l’enfant est en détresse.
  • Au niveau relationnel : mentir, cacher des choses impliquant l’enfant. Comparer les enfants. Dénigrer. Menacer de perdre l’amour ou l’affection de ses parents ou proches. Menacer de séparation (de donner l’enfant, l’abandonner, le placer en pension…).
  • Au niveau de son intégrité physique et du consentement : ne pas arrêter de chatouiller ou de l’embrasser quand l’enfant le demande.
  • Ne pas respecter son intimité : changer la couche du bébé devant tout le monde. Entrer dans la chambre de l’enfant sans y être invité, lire son courrier, ses comptes sur les réseaux sociaux.
  • Au niveau de se vêtir : forcer l’enfant à mettre les habits que l’on choisit au lieu de respecter ses gouts. Le forcer à mettre un vêtement sans marge de manœuvre (explications, possibilité de choix…). Forcer un enfant à rester nu (par exemple à la plage) alors qu’il ne le veut pas.
  • Au niveau du sommeil : réveiller brusquement l’enfant (lumière vive, bruit). Empêcher l’enfant de dormir ou au contraire l’y forcer pour qu’il se calque à un horaire.
  • Concernant les possessions de l’enfant : jeter ses jouets sans son accord. Le menacer de jeter les jouets sous prétexte qu’ils ne sont pas rangés ou qu’il a fait quelque chose de « mal ». Faire du « mal » au doudou de l’enfant à titre d’exemple (fesser le doudou, le décapiter… pour menacer l’enfant indirectement).
  • Concernant sa relation à l’enfant et notre représentation de l’enfant : se placer en autorité toute puissante (adultisme). Faire preuve de laxisme[3]. Avoir des attentes qui ne concordent pas au développement de l’enfant.

Les VEO culturelles

C’est une catégorie dont on parle moins souvent et qui est tout aussi intéressante à mettre en lumière. Ces violences culturelles, associant souvent un volet physique et un volet psychologique, touchent à nos valeurs, en tant que personne et société. Elles sont considérées comme non respectueuses de l’enfant, car elles bafouent le consentement de l’enfant et la possibilité de faire un choix libre et éclairé.

  • Au niveau des stéréotypes des genres : imposer notre vision de ce que sont un homme et une femme (à travers nos mots, nos gestes, nos attentes, les jouets…).
  • Au niveau des croyances et traditions : imposer ou interdire une religion / des croyances et des coutumes.
  • Imposer un régime alimentaire[4].
  • Imposer nos valeurs et notre vision du bien et du mal[5]. 
  • Au niveau du corps et de l’image du corps : percer les oreilles d’un enfant sans son consentement éclairé et réfléchi. Couper les cheveux quand l’enfant ne le veut pas, ou à l’inverse lui interdire de les couper. Circoncire sans son consentement éclairé et réfléchi. Décalotter (l’excision fait davantage partie des maltraitances que des VEO). Faire tomber l’enfant malade intentionnellement.
  • Au niveau de la bienséance et des règles de politesse : forcer à s’excuser ou à dire merci, à faire ou recevoir la bise ou un câlin.

Les VEO dites « douces »

Les « Douces Violences » [6] sont des comportements en apparence anodins, mais qui, répétés, peuvent être néfastes pour l’enfant.

  • Dans la façon de s’adresser à lui ou devant lui : donner des surnoms (moqueur, stéréotypant). Utiliser le second degré lorsque l’enfant n’est pas capable de le comprendre. Parler à l’enfant de lui ou de soi en utilisant la 3e personne. Parler de l’enfant devant lui sans l’inclure dans la conversation. Parler devant l’enfant dans une langue étrangère ou épeler des mots pour qu’il ne comprenne pas et soit exclu de la conversation.
  • Vis-à-vis du respect de son rythme et de son autonomie : presser l’enfant dans ses activités. Faire à sa place, car on le trouve trop lent.
  • Vis-à-vis du respect de ses besoins de stimulations et motricité : utiliser un parc ou un lit-cage alors que l’enfant a besoin de se mouvoir. Empêcher un bébé de se mouvoir librement à cause de ses vêtements/chaussures non adaptés. Mettre l’enfant dans sa chaise haute (ou toute autre position de laquelle il ne sait pas se dégager seul) pour un temps prolongé et sans raison. Utiliser systématiquement la poussette avec un enfant qui demande à marcher. Mettre devant un écran (télévision, console, tablette… tout « babysitting numérique ») pour avoir la paix. Forcer à rester à table pendant le repas.
  • Parler en mal d’un proche devant l’enfant : les paroles dénigrantes concernant un proche de l’enfant prononcée par une personne tierce devant lui, en s’adressant directement à lui ou non (par exemple : « ta maman ne t’aime pas » ou « cette maman est incapable »… dit par le papa, la gardienne, les grands-parents…).

Parlons des VEO !

À la lecture de cette liste des VEO, on se rend compte qu’en parler n’est ni facile [7] ni anodin. Cela donne vite l’impression de se mêler des affaires familiales des autres, de remettre en cause l’éducation que l’on a reçue en la jugeant durement, ou de se culpabiliser en tant que parent parce que nous effectuons ou avons effectué des actes repris dans cette liste. 

Pourtant, dresser aujourd’hui une liste des VEO est important. Important, car c’est la première étape pour les faire reconnaitre par la société, faire changer les mentalités (et les lois) et protéger nos enfants.

Dans un autre article, je développe le concept de VEO plus en détail, et dans de prochains articles je reviendrai sur l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’enfant et surtout sur des pistes concrètes pour sortir du cercle vicieux de la violence. 

Sources et remarques

  1. Certaines classifications isolent les violences verbales ainsi que les privations dans des catégories séparées, pour ma part je les ai regroupées dans les violences psychologiques. D’autres classifications encore ajoutent à cette liste les maltraitances.
  2. Cette liste a été créée sur la base de celle de Enfances épanouies, grandir sans VEO. Iels sont plus spécialisés que moi dans la question des violences éducatives, n’hésitez pas à consulter leur travail.
  3. Certains termes, comme adultisme et laxisme seront développés dans de prochains articles.
  4. Toute famille impose un régime alimentaire à l’enfant à partir du moment où ce sont les parents qui cuisinent et nourrissent l’enfant. Là où cela devient une VEO, c’est lorsque l’enfant manifeste son refus de manger certains aliments et n’est pas entendu par ses parents (par exemple un enfant qui ne veut plus manger de viande et qui y est contraint).
  5. Il est normal de transmettre ses valeurs. Le souci arrive lorsque nos valeurs ne correspondent pas à celles de l’enfant et qu’il n’est pas respecté dans ses choix propres (exemple, cf. [4] ci-dessus, pour un enfant qui choisi de ne pas vouloir tuer d’animaux).
  6. « Vivre en crèche, remédier aux douces violences », Cristine Schuhl (2003).
  7. Note : Parler des VEO n’est pas facile. Le but de cet article n’est pas de débattre de ce qui est ou non une VEO, mais de reprendre les travaux déjà effectués sur ce sujet afin de vous présenter l’état des réflexions à l’heure actuelle. Si vous souhaitez discuter de la pertinence ou non de classer tel ou tel geste/parole comme étant une VEO, je vous invite à le faire sur le blog Enfances épanouies, grandir sans VEO, où les auteur·trices seront bien plus aptes que moi à vous répondre à ce sujet.