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La parentalité positive : quoi, pourquoi, comment et quand ?

Parentalité positive, parentalité bienveillante, parentalité consciente… Ces termes, et beaucoup d’autres encore, sont de plus en plus populaires… Et c’est tant mieux ! Pour autant, ce n’est pas parce qu’on entend souvent un mot qu’on en connaît et comprend exactement le concept. 

La base de toutes ces approches est une communication saine et claire. Hors, pour bien communiquer, il faut être sûr de parler des mêmes choses ! Je vous propose de prendre le temps de nous poser pour faire un tour d’horizon autour du concept de parentalité positive et bienveillante. 

C’est parti ! 

Pourquoi parentalité et pas maternité positive ?

Dans cette approche, on inclue toutes les personnes qui ont un rôle de parent (enfin !). Et même cela ne se limite pas qu’à ça : toute personne ayant un rôle de présence, soutien au développement de l’enfant est concerné. Tout le « village » autour de l’enfant (car comme le dit le proverbe, il faut un village pour élever un enfant) peut appliquer les principes de la parentalité bienveillante.

Comme l’a si bien dit Catherine Guéguen en conclusion de son livre « Pour une enfance heureuse » : 

Je me permettrai de prolonger la citation de John Bowlby en ajoutant : « Une société qui tient à ses enfants doit veiller sur leurs parents », mais aussi sur toutes les personnes en relation avec l’enfant.

Catherine Guéguen

Et là je rêve… Imaginez un village, une ville, un pays, une planète … où tout le monde adopterait la parentalité bienveillante. Le monde serait certainement très différent de ce qu’il est aujourd’hui !

Parentalité positive et… négative ? 

Avant de plonger au coeur du sujet, voici un des reproches fréquemment fait à cette approche, qui tient plus à sa dénomination qu’à son concept. Si l’on n’applique pas la parentalité positive et bienveillante, cela signifierait-il que l’on pratique une parentalité non-positive, ou négative, et non-bienveillante, ou malveillante ? Certains parents peuvent sentir une forme de jugement ou de culpabilisation.

Hors, c’est tout l’inverse de la volonté d’accueil et de bienveillance que prône cette parentalité, bienveillante envers les enfants… mais aussi les parents ! Car on part du principe que tous les parents (sauf exceptions pathologiques) veulent faire de leur mieux avec leur enfant.

La parentalité bienveillante, en comparaison à une parentalité plus classique, se veut plus consciente des mécanismes de fonctionnement de l’être humain et plus respectueuse de l’enfant et ses besoins. La relation que l’on a avec son enfant est primordiale dans cette approche et tout est fait pour la préserver et l’améliorer.

Isabelle Filliozat propose la métaphore de la casserole pleine de lait en ébullition pour comparer ces deux styles de parentalité. En caricaturant le trait, la parentalité classique cherchera à mettre des limites à ce lait qui déborde et mettant un couvercle sur la casserole. Vouloir « mettre un couvercle » sur les comportements dérangeant de nos enfant pour les limiter ne fonctionne pas bien voire pas du tout. C’est un cercle vicieux qui accentuera les tensions vécues par l’enfant et celles dans la relation du parent à l’enfant, tout en procurant des affects négatifs au parent : malaise, frustration, impuissance, colère. Et si cela fonctionne, que le bouillonnement du lait est limité, c’est le fond de la casserole qui risque de bruler : l’enfant sera calme en apparence, sous contrôle, mais apprendra au fond de lui l’impuissance face à l’adulte. 

La parentalité positive ne permet pas de tout arranger d’un coup de baguette magique, car nous n’avons pas nécessairement la capacité de modifier le comportement de notre enfant, mais nous avons la capacité de choisir comment nous allons réagir, accueillir ou non, ce qui est en train de se passer. La parentalité bienveillante permet aux parents d’ouvrir leur coeur et de proposer à l’enfant de faire de même, changeant totalement le registre de la scène qui se déroule. Ce n’est plus une escalade symétrique, un cercle vicieux de tensions grandissantes, mais deux être humains qui se disent comment ils se sentent et pourquoi, accueillent, écoutent et se connectent l’un à l’autre, et réfléchissent ensemble à ce qui peut être fait pour répondre aux besoins qui se cachent derrière leurs émotions respectives.

Parentalité positive : ça vient d’où ?

C’est en 1989 que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) cherche a redéfinir les rapports parents – enfants. Peu à peu, des réflexions sur la parentalité ont émergées. On parle de Violences Educatives Ordinaires et de bienveillance, tant dans les milieux universitaires que dans certaines familles. 

Dans les influences derrière le mouvement de la parentalité positive, on retrouve la Communication Non-Violente, développée par M. B. Rosenberg dans les années 70 et popularisée par Thomas d’Ansembourg et son livre « Cessez d’être gentil, soyez vrai ! ».

Catherine Guéguen, que j’ai déjà cité plus haut et dont je reparlerai dans d’autres articles, a sans aucun doute participer à la diffusion de la parentalité positive et à donner du crédit à cette approche en la reposant sur des bases scientifiques à l’aide des dernières recherches en neurosciences. 

Parentalité positive : c’est quoi ?

La parentalité positive regarde l’enfant dans une perspective de construction. L’idée n’est pas de contrôler l’enfant à tout prix. Le parent cherche d’abord, face à un comportement de l’enfant, à comprendre de quoi à besoin son enfant. 

Que cherche-t-il à me dire à travers ce comportement spécifique à ce moment précis ? 

L’enfant, à travers ses pleurs, ses rires, ses colères… communique et veut faire passer un message. Message parfois difficile à décrypter, certes. Et c’est là que l’empathie entre en jeu !

Nous avons besoin d’un autre regard sur nos enfants et sur les motivations de leurs comportements. L’approche emphatique suppose que l’enfant a des raisons de se comporter comme il le fait. Identifier les besoins sous-jacents aux comportements exagérés d’un enfant permet d’y répondre plus efficacement. Cette approche privilégie l’attachement et l’autonomie de l’enfant et s’inscrit dans le courant de la psychologie humaniste et positive. Elle soulage le parent en lui offrant des outils concrets et efficaces pour le quotidien. Pas de culpabilité pour le parent, plus de tendresse, plus d’écoute et de respect mutuel et plus de coopération de la part des enfants !

Isabelle Filliozat

Comment pratiquer la parentalité positive et bienveillante ?

Derrière cette approche résident de belles valeurs : respect, soutien de l’autonomie, écoute… et surtout beaucoup d’empathie. On pourrait même dire que c’est la base de tout : se mettre à la place de l’enfant.

L’enfant n’est pas cet être sauvage à dresser, ce petit extra-terrestre incompréhensible et incohérent. C’est un être humain, une personne à part entière et ce, dès le début de sa vie. Et toute personne mérite qu’on la respecte, qu’on l’aime et qu’on cherche à la comprendre, à l’écouter et à l’aider.

Ici, pas de chantage, menace, châtiment corporel, punition, humiliation… Bref, les « Violences Educatives Ordinaires » cèdent la place à l’écoute, à l’empathie, au dialogue et au respect mutuel.

L’enfant est une personne, mais…

L’enfant est une personne… mais immature. Physiologiquement immature : c’est ce que nous expliquent les chercheurs en neurosciences. J’en parlerai plus en détail dans de prochains articles. 

Cette immaturité implique une grande dépendance à l’adulte. Dépendance physique, évidente au début de sa vie, mais aussi dépendance psycho-affective. L’enfant, avant 6 ans, n’est pas capable de gérer ses émotions. Il plonge intensément en elles et a besoin d’un maître nageur attentif et soutenant pour l’aider à ne pas perdre pieds.

Cette dépendance, la parentalité positive l’a enlevée de la balance qui plaçait les parents au-dessus de l’enfant. Il n’est pas question de rapport de force ni de hiérarchie, mais bien de présence aimante, cadrante et soutenante. On n’attend pas de l’enfant qu’il obéisse, guidé par la peur (de cris, de coups, de punition, de dépréciation… ). C’est avant tout la coopération et la responsabilisation qui sont visées. L’idée est d’apprendre à l’enfant à faire seul en l’accompagnant, selon son rythme, sur le chemin de l’autonomie.

Concrètement, comment mettre en place les bases d’une parentalité positive ?

Cela fera l’objet d’un, voire de plusieurs articles dédiés. Mais voici déjà quelques petites pistes.

Pensez « positif » 

Plutôt que de dire à l’enfant « ne fait pas ça ! », dites-lui ce qu’il faut faire. Reformulez pour présenter à l’enfant vos attentes de façon claire et positive. 

Par exemple, plutôt que « Ne jette pas cet objet », « Garde l’objet dans ta main » ou « Pose le doucement ici »… Cela parait bête, mais cela change tout. Pour soi et pour l’enfant : visualiser l’objectif plutôt que l’échec. D’autant plus qu’il est très difficile pour l’enfant (encore plus que pour l’adulte !), de focaliser son attention sur la négation dans un message. « Ne pense pas à un éléphant rose »… Trop tard !

Des mots sur les maux

Pour accompagner l’enfant face aux torrents émotionnels qu’il peut vivre : mettre des mots. Reconnaître l’émotion en prenant le temps de la nommer est une première étape importante, et ce dès le plus jeune âge. Cela l’aidera à comprendre ce qui se passe en lui et lui permettra également de sentir que ses émotions ont de la valeur… et par extension que lui aussi, a de la valeur à vos yeux.

La langue des signes est également un très bel outil pour mettre en valeur l’émotion ressentie, en offrant la possibilité à l’enfant de pouvoir l’exprimée avant même d’être capable de prononcer son nom.

Quand mettre en place une parentalité bienveillante ? Quand est-ce trop tard ?

Personne ne nait avec la science infuse, lui permettant de savoir toujours quoi faire, que dire ou comment réagir. Personne n’est parfait. Pas même les parents ! Nous en savons quelque chose, nous avons été enfant, nous nous souvenons de l’éducation que nous avons reçue de nos parents et des autres adultes qui ont croisé notre route. Vous vous êtes peut-être dit « ça je souhaite reproduire », « ça je ne ferai jamais »… Mais les choses ne sont pas si simple. Certains comportements indésirables puisent leurs racines loin, profondément en nous, dans nos premières expériences de vie. Comme si nous étions programmés malgré nous. On retrouve alors souvent ce schéma classique : avoir eu un parent qui crie, se dire qu’on ne criera jamais sur ses enfants, crier, se voir crier, se détester de le faire, culpabiliser, et se sentir tellement mal que le cercle vicieux s’enclenche.

Pourtant, si ce genre de schéma peut sembler très déterministe, nous avons notre mot à dire grâce à deux magnifiques concepts : le libre arbitre et la plasticité neuronale. Notre cerveau s’adapte et se modifie tout au long de la vie. Nous pouvons changer, quelque soit notre âge. Cela ne signifie pas que c’est facile, mais que c’est possible. Et pour le bonheur de nos enfants, de nos familles… et le nôtre, cette porte ouverte est tout ce dont nous avons besoin pour amorcer le changement ! 

Car non, il n’est pas trop tard. Même si vous êtes déjà parents depuis plusieurs années et découvrez sur le tard le concept de parentalité positive et bienveillante. Il n’est pas trop tard ! Vous ne saviez pas avant, vous n’aviez pas l’information. Maintenant, si. Et oui, on peut réparer des erreurs du passé. J’en reparlerai plus en détail dans un autre article.

Ressources utiles pour aller plus loin 

J’aime finir mes articles en citant mes sources : cela vous permet de trouver des ouvrages de références si vous voulez creuser le sujet. 

Si vous ne deviez en lire qu’un, je vous conseille ce livre de Catherine Gueguen, référence en la matière : Pour une enfance heureuse.

Le podcast La Matrescence

Une autre autrice spécialisée dans la parentalité positive à lire absolument : Isabelle Fillozat, par exemple « Au coeur des émotions de l’enfant »

À vous la parole

Ceci est le tout premier article de ce blog. Je voulais commencer par la base, définir la parentalité positive. J’espère que cela vous a plus. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser dans les commentaires. Et je serai curieuse également ce que vous cherchez le plus comme information. De quoi avez-vous besoin ? Qu’aimeriez voir sur ce blog ? 

Au plaisir de vous lire et d’échanger avec vous.

2 réflexions sur “La parentalité positive : quoi, pourquoi, comment et quand ?”

  1. Je prends enfin le temps de découvrir ton blog et avec grand plaisir. Ce 1er article me fait penser au livre d’Eve Herrmann, tu accompagnes, expliques, sans culpabiliser, sans donner l’impression que c’est hors d’atteinte.
    Et j’avais raison d’attendre le bon moment car avec tes sources, j’ai envie de lire encore plus.

  2. Merci beaucoup Tiphanya pour ton passage ici et ton message ^_^

    J’ai toujours été passionnée par la psychologie de la petite enfance, l’attachement et son importance pour le développement de l’enfant… et maintenant je me régale de mettre tout cela en lien et en perspective avec la vision de la psychologie et de la parentalité positive, qui, contrairement à ce que certains ressentent, n’est pas du tout dans une optique de culpabilisation des parents. Je trouve que les écrits de Guéguen et Filliozat sont de bons exemples à ce sujet.
    Bref, plus je lis, plus j’apprécie et plus j’ai envie de lire encore et encore 🙂

    N’hésite pas aussi de ton côté, si tu as de chouettes suggestions lectures concernant le développement de l’enfant et la parentalité !

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